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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 13:58

Développer l’économie sociale et solidaire

Ces propositions sont regroupées en deux axes -« donner le pouvoir aux personnes et non aux personnes » et « partager collectivement la richesse produite ». Le Ceges demande notamment un soutien au financement des entreprises sans capitaux, une meilleure représentativité de ses syndicats d’employeurs, une réduction des écarts de rémunérations, de donner la priorité à la reprise des entreprises sous forme coopérative ou encore l’adoption d’une loi cadre en faveur du développement de l’économie sociale et solidaire. Invités à s’exprimer sur ces propositions et leur vision de l’économie sociale et solidaire (ESS), François Hollande (PS), Roselyne Bachelot pour Nicolas Sarkozy (UMP), Robert Rochefort pour François Bayrou (Modem), Sylvie Mayer et François Longérinas pour Jean-Luc Mélenchon (Front de Jauche) et Eva Joly (EELV), se sont donc succédé à la tribune du CEGES, qui avait pris place à l'Assemblée nationale, le 2 mars dernier.

LE POIDS DE L’ESS EN 2012

Parmi les mesures qui semblent faire consensus : l’amélioration de l’accès du secteur aux marchés publics en mettant en place des critères  sociaux dans les appels d'offre ou en réservant un pan des marchés à l’ESS. Mais aussi la nécessité de sensibiliser et former les élèves et étudiants (notamment des grandes écoles) aux valeurs et opportunités du secteur et de favoriser l’insertion des jeunes en difficulté par ce biais. Rappelons que, « pour la collectivité, le coût moyen d’une personne en insertion est de 15 000 €/an contre 30 000 € pour une personne au chômage », a ainsi souligné François Hollande. Le fléchage des fonds publics et de l’épargne des Français vers l’économie sociale et solidaire semble également être partagé par l’ensemble des candidats. Le PS entend ainsi orienter 500 millions d’euros de la banque publique d’investissement qu’il appelle de ses vœux vers le secteur quand Roselyne Bachelot rappelle que le gouvernement a dédié 100 millions d’euros à l’innovation dans ce domaine dans le cadre du grand emprunt (20 millions € réellement engagés à ce jour) et mis en place un fonds pour l’innovation sociale doté de 5 millions € en 2012 et 15 millions en 2014. A gauche, le fait de faciliter la reprise d’activité d’entreprises en difficulté par des salariés désirant en faire une coopérative a visiblement séduit. Et certains comme Eva Joly et les représentants du Front de gauche, déclarent soutenir l’essentiel des initiatives du CEGES. Globalement, c’est surtout la question de la reconnaissance de la représentativité des syndicats d’employeurs de l’économie sociale et solidaire, ce que lui conteste le MEDEF, qui est restée dans le plus flou.  Quant à la valorisation du bénévolat (notamment par l’octroi de point retraite), elle est apparue à certains partis (comme l’UMP) assez « délicate » en ces temps de restriction budgétaire.

Un laboratoire de changement

A l’issue des grands oraux, le président du CEGES ne veut se prononcer pour l’un ou l’autre candidat. Mais « si on voit quelques disparités de connaissance sur ce secteur extrêmement varié tant au niveau des modèles que des métiers qui le composent, on voit aussi que, quel que soit le parti politique, l’économie sociale et solidaire est désormais considérée comme un secteur qui compte », souligne Jean-Louis Cabrespines. Un constat partagé par le Mouvement des entrepreneurs sociaux, le Mouves, qui y voit les débuts d'un « changement de langage » à l'égard du secteur: «auparavant, il leur semblait difficile d'associer les mots "entreprenariat" et "social". C'est beaucoup moins le cas », se réjouit le délégué général du mouvement Jacques Dasnoy.

Ainsi, pour le candidat du parti socialiste, « à l’heure d’une crise économique et morale, l’ESS doit être considérée comme une opportunité formidable car c’est à la fois une forme de résistance et une alternative à un capitalisme financier dont nous avons vu les excès. Vous êtes à mes yeux, une force d’entraînement pour le changement », a-t-il déclaré. « L’ESS jouera un rôle majeur dans le redressement de notre pays », a continué Roselyne Bachelot, suivi par Robert Rochefort qui a assuré y voir un élément essentiel de la promotion du « made in France », idée phare de la campagne de François Bayrou. Quant au Front de gauche, les représentants de Jean-Luc Mélenchon ont expliqué combien l’économie sociale et solidaire était au centre de leur programme « l’Humain d’abord » et de leur « planification écologique ». Enfin, pour Eva Joly l’ESS « est au cœur de tous (ses) discours tant elle démontre qu’il est possible de faire autrement ». Elle se déclare de fait favorable à la création d’un « ministère de plein exercice » dédié à la question. Mais le CEGES ne s’en tiendra pas aux discours, prévient-il. « Nous suivrons de près ce que mettra en place le futur président et comment les autres candidats qui n’auront pas été élus continueront de porter le sujet », promet Jean-Louis Cabrespines.

Béatrice Héraud 
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